La fille aux sept noms de Hyeonseo Lee

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 Une jeune nord-coréenne qui rêvait de liberté

Je remercie la maison d’édition Stock ainsi que Babelio pour ce Masse critique

L’histoire :  

Ce roman nous entraîne sur les chemins semés d’embûches qu’une jeune nord-coréenne va devoir franchir pour obtenir sa liberté. Une découverte de la société la plus hermétique et de son endoctrinement jusqu’à la dure réalité des transfuges nord-coréens.

Hyeonseo a passé son enfance en Corée du Nord, piégée comme des millions d’autres par l’une des plus secrètes et brutales dictatures. Elle grandit dans la ville de Hyesan près d’une rivière qui trace une frontière naturelle avec la Chine, un autre monde insaisissable. Au milieu des années 1990, la famine s’abat sur le pays. Chaque jour témoin de la répression et de la pauvreté, elle comprend que sa patrie ne peut être «le meilleur des mondes» qu’on lui vante depuis toujours. À 17 ans, au coeur de l’hiver, Hyeonseo décide de traverser la rivière gelée. Elle ne peut imaginer alors qu’elle ne reverra pas les siens avant longtemps. C’est un voyage sans retour. Elle apprend à survivre clandestinement en Chine, échappant à la police et aux trafiquants, grâce à un esprit de débrouillardise et une témérité incroyables. Douze ans plus tard, et presque autant de vies, elle revient à la frontière pour une mission plus périlleuse encore: faire sortir du pays sa mère et son frère et les conduire jusqu’en Corée du Sud…

Editeur : Editions Stock – 360 pages | Sortie : 23 septembre 2015

L’auteur : 

Hyeonseo Lee vit aujourd’hui à Séoul où elle a repris des études universitaires. Elle consacre son temps à la défense des droits de l’homme et des réfugiés nord-coréens. En février 2013, suite à son passage à Ted Talks aux États-Unis, son témoignage est visionné par plus de 4 millions de personnes et relayé dans tous les médias. Elle a donné depuis de nombreuses interviews  et conférences dans le monde et a témoigné au Conseil de sécurité de l’ONU.

Mon avis : 

J’ai toujours une appréhension sur les livres autobiographiques, la peur de lire des textes trop enlevés sur les faits. Et bien dans ce roman il n’en est rien. Il est percutant. L’auteur nous livre avec une certaine “tendresse” ce que fût sa vie dans son pays d’origine. Puis elle nous emmène dans la découverte du monde, contraire à ce qu’elle a toujours apprit. Pour affronter d’autres difficultés. Elle aura besoin durant ce voyage d’utiliser pas moins de 7 identités pour assurer sa sécurité et sa clandestinité.

Tout commence avec l’enfance de Hyeonseo. Elle a la chance d’être issue d’une famille ayant une bon Songbun – c’est à dire d’une caste élevée. Ce positionnement social est hérité du comportement patriotique de la famille. Et il est difficile de ne pas le perdre. Hyeonseo nous décrit de quelle façon est rythmée la vie des nord-coréens. Dès le plus jeune âge ils sont endoctrinés à respecter et servir leur dirigeant. Pour eux c’est un héros de guerre, le père de la nation. Celui qui les protège des maux et du désastre du monde. Il est plus important de sauver des flammes les portraits de la famille dirigeante que ses biens. La corruption bat son plein dans ce pays, à condition de toujours vénérer le dirigeant. De l’enfance à l’adolescence les cycles d’endoctrinements s’enchaînent, l’école jouant bien entendu un rôle majeur. L’Histoire est revisitée, ce n’est pas la Corée du Nord l’agresseur mais le diable impérialiste américain et la Corée du Sud. Il est intéressant de voir la vision qu’ils ont d’au-delà des frontières.

L’auteur vit près de la frontière avec la Chine, et décide un jour de faire comme beaucoup de nord-coréens, c’est à dire franchir la frontière. Elle se retrouve rapidement dans des situations compliquées, taraudée avec l’envie de vivre et celle de rentrer auprès des siens. Elle va parcourir la Chine, se méfiant de tous. Elle se sent traquée et la Chine facilite le travail des agents nord-coréens chargés de retrouver les fugitifs. Durant cette fuite elle va se rendre compte de la réalité sur son pays, de l’effondrement de son univers. Ce qui donne certains passages d’évasions sur une jeune femme qui découvre enfin la vie.

En tout cas on est saisit par la difficulté que rencontre les fugitifs, le périple qu’ils doivent affronter pour rejoindre la Corée du Sud. La souffrance de ce peuple s’exerce aussi hors de ses frontières. Entre la corruption, le vol, le trafic humain, la suspicion d’espionnage, le parcours vers la liberté est rude. Et puis ensuite il faut apprendre à vivre avec des codes jadis interdits. Il faut s’adapter à l’éloignement de sa famille. Hyeonseo  va tout faire pour permettre à sa mère et son frère de la rejoindre. Mais ce n’est pas aussi simple que de payer un billet d’avion.

Ce livre témoigne d’une situation que tout le monde connaît, à savoir un pays qui met à mal son peuple par la terreur. Mais il met en lumière toutes les difficultés que rencontrent les personnes qui fuient ce régime totalitaire. Il est difficile de fuir ce pays mais il aussi compliqué de ne pas y être renvoyé. Et une fois libre il faut se reconstruire pour exister. Reprendre des études, des langues étrangères, des codes sociaux inconnus jusqu’alors. Autant d’embûches qui forcent à l’admiration de ceux qui ont réussi.

Ce livre captive par la qualité du récit, de l’écrit et par les sentiments qu’il véhicule. Outre nous faire voyager dans des contrées lointaines, il nous met face à une situation sur laquelle on ne peut plus fermer les yeux une fois le livre terminé.

Le style

Il est simple, percutant. L’auteur nous fait voyager à ses côtés. Les phrases sont courtes pour donner du rythme dans certains passages, elles nous aident à faire monter la pression. Les descriptions sont équilibrées et ne perdent pas le lecteur. Et puis il y a surtout cette humanité dans ses mots, pas de la colère juste l’envie de vivre. Elle parle avec une nostalgie relative de son pays natal, de son enfance, brutale mais simple.

Ma Note : 4/5

Mon petit point positif :

La Corée du Nord est un pays dont on parle beaucoup mais dont on ne sait que peu de choses. Le témoignage de l’auteur nous ouvre les yeux sur ce que vivent les nord-coréens.

2 réflexions au sujet de “La fille aux sept noms de Hyeonseo Lee”

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