Ce soir je vais tuer l’assassin de mon fils de Jacques Expert

L’assassin est – trop – serein

Editeur : Editions Le Livre de Poche (Thriller) – 222 pages

Ma note: 3.8/5

L’histoire :  

Quand son fils meurt, renversé par un chauffard qui a pris la fuite, Antonio Rodriguez jure à sa femme qu’il le vengera. Tandis que l’enquête piétine durant des mois, il en vient à soupçonner un cadre supérieur de sa propre entreprise, dont l’attitude à son égard lui paraît suspecte. Pourtant, un jour, les gendarmes l’informent qu’ils viennent d’arrêter le coupable. Les preuves sont formelles, l’homme est même passé aux aveux. Mais ce n’est pas le même individu.

Mon avis : 

Ce roman voilà longtemps que je l’avais inscrit à ma liste. C’est donc ma seconde lecture d’un roman de Jacques Expert après l’excellent « Qui ?‘

Un homme renverse un jeune enfant, ayant bu il préfère repartir plutôt que de porter assistance au blessé et d’assumer ses actes. L’homme ne panique pas, il prend la fuite avec lucidité, il ne va quand même pas gâcher sa vie pour un banal accident. Vous devez être comme moi en lisant ces mots : outrés, choqués … Et pourtant ce n’est que le début de ce qu’il vous attends dans ce roman. Vous allez apprendre à détester ce type, un vrai beauf, hautain, méprisant et méprisable. Un type qui se sent quelqu’un de bien, un bon conducteur, suffisamment pour faire la morale aux autres sur la route. C’est aussi un bon père de famille. Mais ça s’arrête là l’illusion. Il a laissé un enfant mourir et ose dire ceci page 31 :

« Je ne suis pas inhumain au point d’avoir oublié l’accident« .

Non juste d’avoir tourné le dos à un enfant blessé. On est écœuré de lire ces mots. Et c’est là la réussite de l’auteur, cette attitude qui transpire du livre de ce personnage que nous avons tous croisé un jour où l’autre.

Cette histoire, l’auteur nous l’a fait vivre à 4 voix, celle de l’assassin bien sûr, celle de son épouse et celles de chacun des parents, Antonio et Sylvia. Forcément ces derniers sont brisés, meurtris mais surtout en colère. Cette colère qui devient une haine qui demande la mort du lâche pour être rassasiée. En tout cas tel est l’état d’esprit de Sylvia qui finira par faire promettre à Antonio de tuer l’assassin de leur fils.  Ce père qui a essayé de revenir à la vie, affrontant le regard de la famille, des voisins et des collègues avec courage. Jusqu’à cette promesse faite à sa femme on sentait qu’il pouvait reprendre pieds dans la vie. Leur couple est fissuré, il y ces regards perdus, ces non-dits qui nous touchent.

L’identité du chauffard est donc tout de suite connue, mais pas des enquêteurs et encore moins des parents. Antonio va partir en quête de l’assassin, jusqu’à avoir la conviction de l’avoir enfin identifié. Mais dans ce roman rien n’est aussi simple et encore une fois nous sommes surpris. cette spirale nous entraîne dans un dénouement que l’on croit, espère même, improbable jusqu’au dernier mot.

On reconnaît la patte de Jacques Expert dans cette alternance des protagonistes, dans cette façon de nous montrer l’époux à travers le regard – haineux – de sa femme. Ce roman n’est pas sans me rappeler « Qui ? », il est construit sur le même schéma narratif.

Mon petit point négatif:

C’est un bon roman, court mais haletant, même si au final j’ai préféré « Qui ? » pour son intrigue plus poussée. Ici on est plus dans la lecture de l’état psychologique et de l’évolution de chacun des narrateurs plutôt que dans une recherche de la vérité.