Les mains lâchées de Anaïs Llobet

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Comment ressort-on d’une catastrophe?

Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle

Je remercie les Editions Plon, Priceminister et chapitre.com pour ce roman. Il s’agit d’une lecture faite pour les Matchs de la Rentrée Littéraire #MRL16.

L’histoire :  

Aux Philippines, Madel, journaliste française va vivre le typhon Yolanda (ou Haydan pour l’appellation internationale) de plein fouet. Elle devra faire à sa propore peine et devenir le relais de l’histoire des vies brisées qu’elle va croiser.

Une vague monstrueuse, soulevée par un typhon meurtrier, dévaste les Philippines en quelques minutes et ravage sa myriade d’îles. Sur l’une d’elles, Madel reprend connaissance, seule au milieu du chaos. Jan, l’homme qu’elle aime, a disparu. Et elle a lâché la main de l’enfant qu’il lui avait confié.
Au prix d’une difficile anesthésie des sentiments, la jeune journaliste se plonge dans son travail, en équilibre entre information et voyeurisme, quand tous les médias du monde se tournent vers les Philippines.
Recueillir la parole survivante, nouer des liens avec les rescapés, c’est conjurer la mort. Mais un typhon de cette violence ne laisse jamais en paix ceux qu’il a épargnés.

Editeur :Editions Plon – 160 pages | Sortie : 18/08/2016

L’auteur : 

Journaliste à l’AFP Moscou, ancienne freelance à Manille, Anaïs LLobet a couvert le typhon Haiyan/Yolanda pour des médias francophones et anglophones à Tacloban, en 2013
Sources: plon.fr

Mon avis : 

Ce roman est émouvant, il nous fait vivre la catastrophe autrement que par le choc des images des médias, la distance aidant. Ne chercher pas le sensationnel dans le roman, allez plutôt lire Voici. Dans les mots de d’Anaïs vous découvrirez le courage, l’abgnégation et l’humilité d’un peuple.

Madel vit en couple, elle est présentatrice TV pour Phil24, une chaîne d’actualité. Un typhon approche, pour un pays qui vit au rythme de 20 typhons par an rien de bien anormal. Seulement celui-ci va se renforcer et devenir le typhon le plus puissant jamais enregistré. Rien ne lui résiste et l’argent ne préserve pas non plus de sa fureur. Madel va se retrouver avec le poids de la culpabilité d’avoir survécu quand tant d’autres sont morts.

Comment surmonter et continuer à vivre

C’est un sentiment égoïste et tellement humain de se réjouir d’être en vie, que le mort allongé là ce n’est pas nous. Mais comment peut-on dire que l’on est en vie quand vous êtes brisé par la perte d’êtres proches. Madel va donc faire face à cela. Elle va rencontrer et raconter les destins tragiques des survivants.

Voilà, c’est ça, le fond de l’horreur. Cette petite flamme d’espoir qui vous lacère le cœur et n’en finit pas de vous ronger l’âme. Et quand on décide de l’éteindre, en la pinçant de nos deux doigts, c’est au prix d’une brûlure qui ne nous quittera jamais. La brûlure de l’oubli.

Le livre enchaîne des pages de témoignages des habitants en alternance avec l’évolution de Madel. C’est avec beaucoup de pudeur et une profonde sensibilité que l’on vit les jours d’après le typhon. Que l’on se rend compte de la vulnérabilité des populations. J’ai retenu qu’au delà des pertes humains, il y a la destruction de la nature et des récoltes, privant de nourritures, et de ressources économiques les survivants pour plusieurs années.

Traiter l’information, mais jusqu’à quelle limite?

Sa situation de survivante va donner à son rédacteur une occasion unique de couvrir la tragédie. Si elle s’y refuse au début, elle accepte pour que le monde puisse connaître les histoires des Baba, de Rojung… Ce n’est pas pour elle cette course à l’audimat, néfaste, mais un besoin de témoigner. Témoigner de familles brisées, du poids de la responsabilité d’avoir lâché une main, d’avoir choisi de vivre plutôt que sauver son enfant..autant de douleurs et de faiblesses humaines. Dans le roman l’auteur égratigne toutefois la profession, entre ceux qui cherchent à témoigner et ceux qui cherchent le scoop! Les journalistes étant souvent les premiers présents avant les secours. Et quelle position tenir, acteur ou spectateur devant la détresse.

Le style

Il est agréable, vif et sensible. Sans tomber dans le voyeurisme ou l’empathie, le roman véhicule le sentiment d’impuissance éprouvé face à la force de la nature. Pas de grandes descriptions mais des phrases percutantes.

Mon petit point positif :

J’ai apprécié ce livre pour le visage qu’il donne à l’événement et qui préserve le besoin de mémoires qui doit perdurer.

Pour en savoir sur le typhon  : wikipédia

1 réflexion au sujet de « Les mains lâchées de Anaïs Llobet »

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