Interview David Khara – Auteur

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Aujourd’hui j’ai le plaisir de partager avec vous l’interview de David Khara, l’auteur des Vestiges de l’aube, du Projet Bleiberg, du Projet Shiro, du Projet Morgenstern, de Thunder, d’Une nuit éternelle et d’Atomes crochus.  Cette rencontre organisée par lecteurs.com et les éditions J’ai Lu a été l’un des temps forts de mon Quais du Polar, et je tiens à les remercier. C’est en compagnie d’autres lecteurs que nous avons échangé avec l’auteur, autant vous le dire tout de suite il est passionnant. Je n’ai pas encore lu l’un de ses romans, mais je peux vous dire que je n’ai qu’une hâte, celle de découvrir les histoires avec lesquelles il nous a appâté :-). David Khara fait partie du collectif de la ligue de l’imaginaire en compagnie d’autres grands noms : Bernard Minier, Henri Loevenbruck, Laurent Scalese, Ian Manook… Il a, avec sourire et sans hésitation, accepté de répondre au petit interview du blog. Découvrez cet auteur pour qui l’important, « c’est que le lecteur se sente bien, une fois la dernière page terminée ».

Rencontre avec David Khara
Rencontre avec David Khara


Lors de cette rencontre David Khara a partagé avec nous sa vision du rôle de l’écrivain, avec ses mots il nous a parlé de  son travail et de la solitude qui l’enveloppe pendant l’écriture. Il se définit un peu comme un vampire qui s’abreuve des émotions des autres pour les retranscrire au plus près dans ses textes. David Khara nous a révélé aussi que pour ses anti-héros il s’inspirait des traits de ses meilleurs amis, toujours flatteur se voir attribuer le rôle du méchant ;-). Lors de la rencontre, nous avons reçu La trilogie Bleiberg qu’il nous a gentiment dédicacé, je prendrais le temps de découvrir ce roman et de vous le chroniquer plus tard. J’espère que l’interview vous plaira et qu’il vous donnera envie, pour ceux qui ne connaissent pas encore David Khara de découvrir ses romans.

Dédicace de la Trilogie Bleiberg de David Khara
Dédicace de la Trilogie Bleiberg de David Khara

David Khara, l’interview

Parlons de vous :

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Pour ne rien vous cacher, je n’aime pas trop parler de moi. Disons que j’approche de la cinquantaine, qu’après un rapide passage dans le journalisme et un long séjour dans la publicité et l’entreprenariat, j’ai eu l’a chance de devenir écrivain, tâche à laquelle j’essaye de m’atteler avec honnêteté, enthousiasme et un immense respect des lecteurs.
Il faudra vous contenter de ça ! (Rires)

Comment êtes-vous venu à écrire des romans ?

Je me suis lancé dans l’écriture pour un ami qui traversait un épisode dramatique. Si la communication directe était devenue compliquée, voire impossible, il lisait encore. Après concertation avec quelques camarades, nous avons décidé que je lui écrirai un roman racontant l’histoire de deux hommes ayant connus le même drame que lui. Afin de ne pas rendre le propos trop direct, je l’ai « encapsulé » dans une fiction mêlant polar et fantastique puis je lui ai fait lire sous forme de feuilleton, en lui envoyant un chapitre après l’autre.

Cette histoire est devenue les Vestiges de l’Aube, mon premier roman publié sept ans plus tard chez Rivière Blanche, puis chez Michel Laffont.

Comment se déroule l’écriture d’un roman (idée, repérages, écriture, promotion…) ?

Je sépare deux aspects bien distincts dans mes romans. D’un côté, il y a la trame, l’aventure que je narre. Pour celle-ci, ce sont mes recherches historiques, économiques ou scientifiques qui nourrissent mon imagination. De l’autre côté se trouve le propos, ce qui se cache plus dans des détails, des actes, voire en sous-texte. Par exemple, Une nuit éternelle traite du droit que nous avons, ou pas, d’avoir une deuxième chance.
A partir de ces deux ingrédients, mes personnages ont une vie propre. Travaillant sans aucun plan, je connais toujours mon début, mon milieu et ma fin, mais je laisse à mes personnages toute liberté de connecter ces trois points. Je les laisse me surprendre pour mieux, je l’espère, surprendre mes lecteurs.
Concernant les lieux, soit je les connais déjà, et je m’appuie sur cette connaissance, soit je me documente, soit je vais directement sur place comme ce fut le cas récemment pour les salles de guerre de Churchill que je suis allé explorer à Londres.
L’écriture obéit à une discipline spartiate, quotidienne, souvent éprouvante car à travailler sans plan, je passe littéralement ma vie à réfléchir à ce qui va se produire, tout en gardant en tête ce qui s’est déjà produit.
Je remets ensuite une première version (qui me prends entre 6 et 8 mois de travail en moyenne) que nous affinons avec mon éditeur jusqu’à obtenir le roman qui sera publié.
La promotion se traduit par des interviews et la participation à des salons littéraires, mais plus que de la promo, il s’agit pour moi de retrouver un ancrage avec les autres tant l’écriture m’isole. Et puis, la finalité de tout ce travail est, justement, d’échanger, d’aller les uns vers les autres.

Avez-vous un objet qui ne vous quitte (presque) jamais ou une manie liée à votre activité d’écrivain?

J’ai longtemps concentré un nombre invraisemblable de rituels. Écrivant la plupart du temps en extérieur, je positionnais ma tasse de café à un endroit précis, mon paquet de cigarette et mon cendrier avaient aussi des emplacements bien définis, etc… Aujourd’hui, je ne fume quasiment plus et surtout plus en écrivant, donc adieu le paquet et le cendrier. Quant au café, il cède souvent la place à un thé ou une tisane.  Peut-être l’approche de la cinquantaine… (rires)

Pour vous quel est le rôle d’un écrivain aujourd’hui ?

Question plus délicate qu’il n’y paraît… Je ne me permettrai pas d’imposer une vision définitive et péremptoire de ce rôle, je ne peux vous donner que la vision que je m’applique.

J’écris avec deux objectifs en tête : divertir, transmettre et partager. Divertir en proposant à mes lecteurs un voyage, une aventure, de l’action. Transmettre en basant mes intrigues sur des faits réels, historiques, scientifiques, économiques. Partager en essayant de faire vivre à mes lecteurs des émotions, les amener à s’interroger sur l’humain.

Voilà pour la partie la plus évidente.

Ensuite, je considère que nous avons un rôle à jouer pour encourager des jeunes à lire, à écrire, pour soutenir les médiathèques, bibliothèques et libraires à travers des rencontres avec le public ou des interventions en milieu scolaire. Je ne parle pas ici d’auto promotion mais bien d’un engagement pour la transmission d’une passion.

Enfin, je pense que nous avons un rôle politique à jouer, non pas au sens partisan, mais au sens vie de la cité qui consiste à soutenir des associations caritatives. Il ne nous est pas non plus interdit de pointer les dysfonctionnements ou les dérives de la société et du monde. D’ailleurs, nous sommes nombreux à le faire à travers nos romans. J’aimerais cependant que nous soyons, collectivement, plus engagés et audibles sur certains sujets de société.

Vous êtes présent sur de nombreuses manifestations autour du livre. Que retenez-vous de ces moments?

La rencontre. Je viens sur les salons dans ce seul but. L’écriture est un travail éminemment solitaire et le contact avec les lecteurs en est, à mes yeux, la vraie récompense. Je suis toujours étonné du nombre de personnes qui viennent me voir et mon émotion est intacte face à leur gentillesse et leur bienveillance. Pour un homme qui masque sa timidité derrière une façade d’aisance, ces moments sont tout sauf anodins et je n’en perds pas une miette.

Quelle rencontre vous a le plus marqué?

En toute honnêteté, j’ai connu de nombreux moments touchants, parfois même poignants, et il m’est très compliqué d’en extraire un. Si je devais choisir sur l’instant, je mentionnerais cette dame qui est venue me voir lors d’une séance de dédicace à la sortie des Vestiges de l’Aube. Elle s’est approchée et m’a tendu le roman qu’elle venait de lire. Avec des sanglots dans la voix, cette dame m’a dit qu’il s’agissait du premier livre qu’elle avait apprécié depuis la mort de son mari. Et comme le roman parle justement de la reconstruction après la perte des êtres chers, les personnages lui avaient particulièrement parlé. Ce fut un moment terriblement émouvant qui m’accompagne encore…

Quels sont vos projets ?

Je viens de terminer la première version de mon prochain roman, et le temps que mon éditrice étudie le manuscrit, je travaille déjà sur la trame du roman suivant.

Par ailleurs, nous travaillons avec des producteurs et scénaristes sur l’adaptation de la trilogie Bleiberg en série télévisée. D’autres projets concernent Les Vestiges de l’Aube et Une nuit éternelle, ainsi qu’Atomes crochus. J’aimerais également relancer la série Thunder, des romans d’aventures pour ado et adultes, dérivés la trilogie Bleiberg.

Bref, j’ai de quoi m’occuper ! (rires)

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui veut se lancer dans l’écriture ?

Le premier des conseils serait, justement, de se lancer ! Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui m’ont fait part de leur volonté d’écrire tout en m’expliquant qu’ils n’osaient pas. Donc, il faut se lancer et laisser de côté ce qui vous inhibe, ce qui est déjà un exercice compliqué. Eprouver le travail que demande l’écriture, évaluer si l’on si sent bien ou pas, sans penser à être publié ou à « faire carrière » car cela ne dépend de toute façon pas de l’écrivain. Faites, soyez rigoureux, achevez ce que vous avez commencé, puis acceptez la critique, travaillez pour améliorer et affiner votre travail. Tous les écrivains sont de gros travailleurs.

Parlons blogueurs :

Lisez-vous des blogs de lecteurs/chroniqueurs ?

Cela m’arrive, même si j’ai peu de temps pour cela.

Quel est le rôle de ces blogs dans l’univers littéraire ?

Il me semble important car ils permettent de donner de la visibilité à des romans dont la presse ne parle pas, par manque de curiosité ou manque de place. Ils permettent aussi à des lecteurs de se rencontrer, de rencontrer des auteurs, ce qui est très important.

Quelle relation avez-vous avec les blogueurs ?

Franchement bonnes, et beaucoup sont devenus des copains avec qui je prends plaisir à partager un verre sur les salons.

Quels conseils donneriez-vous à un blogueur ?

Je me déclare totalement incompétent en la matière !

Parlons livres :

Quel est le livre qui a changé votre vie… ou presque ?

Je pense qu’une brève histoire du temps de Stephen Hawkins est celui qui a joué le plus directement sur ma vision de l’existence.

Quel livre relisez-vous régulièrement ?

Je me replonge régulièrement dans Hamlet ou Mes jeunes années de Churchill.

Quels livres trouve-t-on dans votre bibliothèque ?

Ma bibliothèque est aussi hétéroclite que le sont mes goûts. Vous trouverez aussi bien Mérimé, qu’Alphonse Daudet, ou Dennis Lehane, Franck Thilliez, Giacometti et Ravenne, Churchill, Shakespeare, Philippe Ward, et j’en passe tant il y en a.

Un livre que vous avez aimé alors que vous aviez des a priori à le lire ?

Au risque de vous surprendre, je ne crois pas avoir jamais ouvert un livre avec un a priori parce que, d’une manière générale, j’essaye ne pas avoir d’a priori (ce qui demande un peu de travail sur soi…).

Trois livres que vous conseillez de lire sans hésitation ?

  • Les Vestiges du jour de Katzuhiro Ishiguro (à ne pas confondre avec Les Vestiges de l’Aube dont je suis l’auteur, mais qui est aussi recommandable) (rires)
  • Un dernier verre avant la guerre de Dennis Lehanne
  • Les mémoires de guerre de Winston Churchill

Quel livre est sur votre table de chevet en ce moment ?

Il s’agit d’un livre de Claude Moniquet, Daech, la main du diable
—–

Le mot de la fin est pour toi 🙂 

Liberté !

1 réflexion au sujet de « Interview David Khara – Auteur »

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