Interview #8 Bernard Minier – Auteur

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Aujourd’hui j’ai le plaisir de partager avec vous l’interview de Bernard Minier, l’auteur de Glacé, Le cercle, N’éteins pas la lumière, Une putain d’histoire et de Nuit, son dernier roman. cette rencontre a été possible grâce à lecteurs.com que je remercie chaleureusement. C’est donc au petit matin du second jour du festival Quais du polar, que j’ai retrouvé Bernard à son hôtel. Bien entendu j’avais dans mon sac outre mon appareil photo, mon exemplaire de Nuit pour le faire dédicacer. J’étais plus impressionné de le rencontrer que de me retrouver devant la caméra avec le micro cravate ! Et bien il a su me mettre à l’aise et c’est prêté avec beaucoup de sincérité au jeu des questions réponses.



J’ai donc appris sa façon de procéder avec ses personnages, combien il est flatté lorsque les lecteurs lui parlent de Servaz comme d’une personne réelle, comment il s’investit physiquement dans ses repérages – genre prendre le train de nuit OSlo-Bergen et passer une partie de la nuit à parler rock avec le type du wagon bar… En tout cas ce fut une belle rencontre avec un auteur qui m’avait séduit par ses romans et que j’ai apprécié en tant qu’homme. Je lui ai demandé si je pouvais lui transmettre l’interview que souhaitais faire paraître sur le blog – celui que vous allez pouvoir découvrir ci-dessous – il a accepté sans hésitation et je l’en remercie vivement. J’espère que l’interview vous plaira et qu’il vous donnera envie, pour ceux qui ne connaissent pas encore les romans de Bernard Minier, de les lire 😉


Conversation avec Bernard Minier, auteur de… par OrangeLecteurs

Parlons de vous :

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Bernard Minier, j’ai 56 ans, je suis auteur de romans policiers.

Comment êtes-vous venu à écrire des romans ?

J’écris depuis que je suis en âge d’écrire. J’ai écrit toutes sortes de choses dans ma vie : des poèmes, des nouvelles (fantastiques, SF, etc), des essais, des BD mais uniquement pour moi-même avant d’écrire Glacé qui, au départ, était un pur défi à relever, un exercice de style.

Comment se déroule l’écriture d’un roman (idée, repérages, écriture, promotion…) ?

Je crois catégoriquement à l’importance des recherches quand on fait un travail autour de la vérité. Donc, le travail de repérages, d’information, d’imprégnation en amont est très important. Stephen King l’a dit : « ce métier consiste à observer la façon dont les gens autour de nous se comporte et ensuite à dire la vérité sur ce qu’on a vu ». Je me rends sur les lieux que je décris, je rencontre les gens du métier. Ensuite, décrire tout le processus d’écriture, les méthodes, les différentes étapes, les doutes, les remises en question, le travail avec l’éditeur, la promo – ouah ! vous vous rendez bien compte qu’à elle seule cette question pourrait faire l’objet d’une interview !

Avez-vous un objet qui ne vous quitte (presque) jamais ou une manie liée à votre activité d’écrivain?

Des horaires fixes : matin et après-midi, rien d’autre.

Pour vous quel est le rôle d’un écrivain aujourd’hui ?

Distraire ses lecteurs, leur donner, peut-être, à penser, leur fournir – à la rigueur – une grille de lecture du monde de plus en plus complexe dans lequel on vit ; Milan Kundera l’a dit : « l’esprit du roman, c’est l’esprit de complexité, chaque roman dit au lecteur : « les choses sont plus compliquées que tu ne le penses ».

Vous êtes présent sur de nombreuses manifestations autour du livre. Que retenez-vous de ces moments?

Les lecteurs. Ils sont si incroyablement enthousiastes, ils vous renvoient tellement de choses. Ils parlent de Servaz (mon personnage emblématique) comme s’il appartenait à la famille. Et très souvent ils se passent mes romans de l’un à l’autre : mère, père, enfants… Je vois des familles entières où tous les membres sont fans ! Et puis, les bénévoles… Tous ces gens qui sont là uniquement pour que vive le livre, qui facilitent la vie des auteurs, lesquels – ce serait la moindre des choses – devraient passer le plus de temps possible à leur place… ce n’est pas toujours le cas.

Quelle rencontre vous a le plus marqué?

Un homme qui m’a demandé de dédicacer un roman pour sa femme, qui était une grande fan : car elle était morte.

Quels sont vos projets ?

Un nouveau roman et une série télé, mais chut…

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui veut se lancer dans l’écriture ?

Travaillez, travaillez, travaillez. C’est-à-dire écrivez et lisez. Beaucoup. L’écriture est un instrument, comme le piano, le violon ou le pinceau. On s’améliore tous en pratiquant. Beaucoup, tout le temps. Et méfiez-vous des premières idées qui vous viennent à l’esprit : il y a de grandes chances pour que ce soit des clichés. Ne vous dites pas : « ça ira comme ça » mais, comme en sport, sortez de votre zone de confort et essayez d’aller encore plus loin, d’être encore meilleur…

Parlons blogueurs :

Lisez-vous des blogs de lecteurs/chroniqueurs ?

Parfois. Pas toujours. Je manque de temps.

Quel est le rôle de ces blogs dans l’univers littéraire ?

De plus en plus grand. Quand je vois ces communautés de lecteurs, lecteur.com, les Mordus du thriller, etc, elles ont un poids de plus en plus grand. Et cela va grandir encore. On le voit en politique : de nouveaux réseaux sont en train de se substituer aux anciens. Après, il en va des blogs comme des auteurs ou des journalistes : il y aura toujours les bons et les mauvais. Il faudra, d’une manière ou d’une autre, que des hiérarchies se fassent et je pense qu’elles se feront, qu’elles se font déjà, naturellement. Tous les avis ne se valent pas.

Quelle relation avez-vous avec les blogueurs ?

J’en connais quelques-uns par Facebook ou parce que je les rencontre dans les salons. Que je lis et que j’apprécie leur travail. On discute boutique quand on se voit, c’est très bon enfant, très amical. Le monde du polar est assez petit : tout le monde ou presque se connaît.

Quels conseils donneriez-vous à un blogueur ?

Le même qu’à un apprenti auteur ou à un journaliste. Soyez humble, doutez, cherchez à comprendre le travail d’un auteur avant de le juger. Un roman est le fruit d’un long et parfois pénible travail, ne soyez pas moins exigeant avec vous-même que vous l’êtes avec les livres que vous lisez. Ne cédez pas à la facilité des jugements à l’emporte-pièce, des opinions trop hâtives. Allez au fond des choses. Vous avez une responsabilité, ne la perdez pas de vue.

Parlons livres :

Quel est le livre qui a changé votre vie… ou presque ?

Robinson Crusoe, lu par une maîtresse remplaçante à l’école primaire : la révélation des mots.

Quel livre relisez-vous régulièrement ?

Dumas, les nouvelles de Stephen King, les Bd d’Alan Moore, en vérité il y en a trop : je relis plus que je ne lis.

Quels livres trouve-t-on dans votre bibliothèque ?

Euh… il y en plus de 3000… tous les classiques, beaucoup de littérature anglo-saxonne, italienne, allemande, espagnole, japonaise… des BD, de la philo, de la poésie, du théâtre… des ouvrages de vulgarisation, du fantastique, de la SF, des livres anciens, des encyclopédies… de tout, quoi…

Un livre que vous avez aimé alors que vous aviez des a priori à le lire ?

Harry Potter. Quand j’ai découvert dans le métro tous ces adultes qui lisaient ces livres pour enfants, je me suis dit qu’il se passait un truc. C’est formidable, JK Rowling est un génie.

Trois livres que vous conseillez de lire sans hésitation ?

L’Aveuglement, de José Saramago, Misery de Stephen King et – c’est une boutade – Nuit de Bernard Minier.

Quel livre est sur votre table de chevet en ce moment ?

Je viens de relire Les Louves, un vieux Boileau-Narcejac, et de terminer Un Appartement à Paris de Musso et là j’enchaîne avec un Thilliez que je n’avais jamais lu : Vertige et le dernier Ruffin. J’ai aussi une fantastique réédition en anglais du cultissime Sandman de Neil Gaiman, qui doit bien peser ses trois kilos, dénichée rue Dante à Paris, le paradis – ou l’enfer – des bédéphiles.
—–

Le mot de la fin est pour toi 🙂 

FIN.

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